Confession

Publié le par Christelle

Je vous vois déjà pétiller de curiosité à la lecture de ce titre accrocheur !

Et bien non, ce n'est pas de ma confession qu'il s'agit (il y aurait sans doute beaucoup à dire, mais ce n'est pas l'objet de ce blog) ! "Confessions" est le titre d'une collection de petits ouvrages autobiographiques destinés à la jeunesse, aux éditions De La Martinière. Tous ont été rédigés par des auteurs de littérature jeunesse reconnus, et évoquent leur adolescence. Une idée intéressante en soi, bien soutenue par une présentation agréable et aérée, et des couvertures sympa sans être raccoleuses.

Mikaël Ollivier est, ou plutôt était, Celui qui n'aimait pas lire. Un enfant puis un ado qui préférait rêver, ne rien faire, ou aller au cinéma, mais surtout pas se plonger dans un bouquin... Comment a-t-il pu alors devenir écrivain ? C'est la question qui sous-tend ce récit mené comme une enquête, une investigation dans les petites mécaniques de l'individu. La femme de sa vie l'attend dans le train où ils vont se rencontrer, mais pour monter dans ce train qui conduit à un salon du livre à Lyon, il faut qu'il soit devenu écrivain. Mikaël Ollivier redéroule donc le film de son enfance pour aboutir à cette rencontre.

C'est un petit livre délicieux, malicieux, construit avec beaucoup d'originalité et bourré d'humour. Avec beaucoup de simplicité et jamais d'aigreur, l'auteur nous montre l'idée qu'un gamin peut avoir des livres (j'aime beaucoup le "médicament contre les fautes d'orthographe"), idée véhiculée bien contre leur gré par tous les adultes qui l'entourent, et le chemin à parcourir pour les apprivoiser.  L'intérêt de ce récit, c'est qu'on est au coeur du cheminement d'un ado comme les autres. Il n'y a pas de jugement, pas de recette du style "comment faire aimer la littérature à votre enfant" ; c'est juste un témoignage sincère et touchant, et c'est en cela il me semble qu'il peut le mieux parler aux ados.

Un petit extrait pour le plaisir (c'est le moment où il évoque les séances de récitation à l'école, souvent si éloignées de la notion de poésie) :
"Mais non, ce n'est pas ça, un poète.
Un poète est amoureux et n'a pas assez des mots de tous les jours pour dire "je t'aime".
Il est seul et a besoin d'écrire pour aller jusqu'à demain.
Il a fait la guerre et cherche à quoi ça rime, la vie.
Il est humain et veut partager ce qu'il comprend à la vie. Retenir ce qu'il y découvre de précieux.
Illuminer ce qu'il y trouve d'odieux. Propager ce qu'il y voit de miraculeux. Dénoncer ce qu'il y remarque d'injuste."
Simple et limpide.

Dernier clin d'oeil : sur la couverture du livre, on peut voir une réproduction du tableau de Boucher intitulé Jeune fille étendue. Il se trouve que ce tableau illustrait la couverture d'une édition de Romans et Contes de Voltaire que M. Ollivier avait chez lui. Il n'en a pas fallu davantage pour qu'il se plonge dans Candide...

Enfin un bouquin qu'on peut offrir à un ado ; ou laisser traîner nonchalamment sur une table basse dans la maison de vacances.

Publié dans litté jeunesse

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