le jour où il n'y aura plus de livres

Publié le par Christelle

Imaginez qu'en lisant un livre vous rentriez dans l'histoire. VRAIMENT. Que vous soyez propulsé au coeur du récit, que vous deveniez physiquement un des protagonistes et que vous viviez en vrai les événements que vous lisez.

C'est précisément ce que provoque le virus L.I.V. 3 (L.I.V. pour lecture interactive virtuelle). Une expérience plutôt intéressante à première vue. Surtout que tout revient à la normale quand on referme le livre.

Oui mais voilà, au fur et à mesure que le lecteur dévore les pages, les mots s'effacent. Définitivement. Le plaisir de lecture est démultiplié, mais les livres meurent inexorablement, car une fois qu'on est contaminé par le virus (par simple contact avec un livre contaminé) on ne peut plus toucher le moindre livre sans le contaminer à son tour.

La République des Lettres est en émoi. Et lors d'une session extraordinaire du  Conseil des Voyelles à la TGB, c'est une jeune écrivaine, Allis L.C. Wonder, qui va être envoyée en mission auprès des Zappeurs pour essayer de savoir d'où vient ce virus et si on peut l'arrêter.

République des Lettres ? Zappeurs ?  En effet, dans ce futur-là, l'Europe est gouvernée par les Lettrés, des gens qui ont fait de la culture livresque le fondement de leur société. Chacun est tenu de posséder une bibliothèque d'au moins 100 titres, il existe un Permis de Prendre la Parole (PPP) qu'il est obligatoire de posséder pour têtre autorisé à tenir une conversation (plus personne ne raconte de c***, le rêve !), le cinéma, la télévision, bref toute communication ou divertissement par l'image ont été interdits, etc. etc. Au premier abord, on trouve ça chouette : enfin des intellos au pouvoir !! Ensuite on déchante, car même lettré, un gouvernement autoritaire reste un gouvernement autoritaire.

Les Zappeurs, eux, refusent cette société-là. Ils continuent, dans la clandestinité, à jouer aux jeux vidéo, voir des films, surfer sur Internet. Certains "extrémistes" deviennent même des hommes-écrans (ils se font greffer des caméras à la place des yeux et un écran sur la poitrine ; ainsi ils peuvent être en permanence dans le virtuel). Le foyer de cette rebellion se trouve... je vous le donne Emile... en banlieue nord de Paris.

Ce très très bon roman jeunesse rend un hommage appuyé à Ray Bradbury bien sûr. Il aborde de façon très pertinente et nuancée la problématique de la lecture, et notamment de la rivalité ou de la complémentarité entre les livres et les images. Doit-on jeter les livres au nom du progrès ? Doit-on condamner les mondes virtuels issus de la technologie informatique au nom d'un purisme culturel ? Peut-il y avoir un monde sans livres et sans écrivains ?

Je n'ai pas forcément rendu compte de toute la richesse et l'intelligence de ce roman, mais sachez qu'il deviendra un incontournable de mes propositions de lecture en 4e-3e.

Au fait, vous avez capté ? Allis L.C. Wonder ? Emma G.F. Croisset ? Colin B.V. Chloé ? Tous les noms de personnages sont construits de cette manière. Moi il m'en a fallu deux ou trois pour percuter, et après je me suis amusée à les deviner. Creusez-vous un peu la cervelle, je vous donnerai la solution la prochaine fois.

Publié dans litté jeunesse

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